lesyeux desalma

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Négociation, bagarre, détresse puis en quelques heures , le carré 5 de Sabangali est éffacé.

Le mardi j’avais un programme bien définit. Prendre mon petit déjeuner, ensuite déposer les enfants à l’école.  Après le travail, je dois profiter de mon heure de pose pour  rédiger la suite de la nouvelle pour ma participation au concours international.  Enfin, je dois plus tard à 15h 30 me rendre àla Radio Nationalpour une interview. Vous verrez que dans moins de 48Heures, tout ce programme sera multiplié par zéro.

La nouvelle de la démolition est parvenue vers 14 heures dans mon quartier pendant que tous le monde vaquaient tranquillement à son occupation quotidienne. Elle a fait l’effet d’une bombe vue que personne n’a un endroit où aller. On s’efforce toutefois d’espérer quelque chose. Le comité de crise du quartier  ayant apprit la mauvaise  nouvelle, s’est rendu illico presto  à la mairie pour négocier avec le maire. L’objet de cette réunion était de donner trois jours supplémentaires à la population du quartier  afin de se préparer et quitter les lieux. Il n’y avait ni dédommagement, ni relogement. C’était le désespoir total.

 

 

Moralement je me sens préparé vu que j’avais reçu un coup de fil de ma mère m’appelant à ranger  mes affaires pour  une probable descente de la mairie. De toutes les façons, j’étais sûr que le maire mentait ! Vous savez pourquoi ? Parce qu’en février 2008, nous avons vécu le même scénario. On te donne un délai. Et pendant que tu t’apprêtes à enlever des effets tu aperçois un bulldozer qui t’attend quelque part ! A mon arrivée, bien que certaines personnes enlèvent leurs toits et que l’atmosphère était froide, tout le monde ignore ce qui allait se passer le lendemain.

Le lendemain matin, alors que je sortais pour payer du pain, j’aperçois un homme en tenue municipale devant notre porte à un bâtant rouge. Plus j’avançais, plus leur nombre se multipliait. Aussitôt j’aperçois des militaires sur une Toyota bleu qui devrait être la gendarmerie.  Il n’y avait pas une voiture. Il y en avait plusieurs véhicules de la police, de la mairie, de la gendarmerie et  un véhicule militaire qui avait transporté le bulldozer. Les forces de l’ordre armé d’armes à feu et de talkie-walkie, semblent être plus nombreux que la population du quartier. Je me suis approché alors du policier et lui dit que nous nous n’avons pas encore reçu les moyens qui devrait nous permettre de libérer les lieux. Il me répondit : dans ce cas enlevé vos affaires et mettez-les dans la cour de la mosquée. Le bulldozer va commencer très bientôt le travail.

 

 

 

"Arrange ton couteau ou bien je tire sur toi!" retorquait un homme en tenue à un habitant du quartier qui resistait. Quand des policiers se sont acharnés sur lui, il a enlevé un couteau et s'était défendu pendant un bout de temps.

 

Dans les ruelles ce fut la panique totale. Les femmes en particulier, appuyés par des hommes, se précipitent à enlever  leurs affaires contre les murs des bâtiments qui font face au quartier. La rue était devenu restreinte à cause des véhicules de polices et civiles stationnés et surtout à cause des affaires déferler.  Pendant que j’enlevais avec des amis et des membres de ma famille nos affaires, je voyais des femmes sillonnant la rue avec leurs affaires sur la tête, ne sachant où aller, elles rejoignent les autres voisines, sous le soleil, les poussières et la tristesse.

 

Vous ne pouvez pas croire, mais au même moment, mon grand-père, ma mère, mon père et moi, avons sillonné N’Djamena, à la recherche d’une concession pour famille.  D’abord, il n’y a presque pas de maisons à louer, ensuite les maisons coûtent entre 150 et 300 000. Les bailleurs exigent trois mois ou 6 mois d’avance. Dans le désespoir et la colère, j’ai faillit renverser un enfant le long d’un avenue. Ensemble, nous avions alors décidé de trouver un camion pour emmener nos affaires et nous à plusieurs kilomètres de N’Djamena.

 

Je pensais surtout aux écoliers de mon quartier et aux maîtres qui les enseignent. Je ne peux pas croire, q'un état qui se soucient de l'éducation de ses enfants puissent détruire une école et mêttre au chomage les autres. C'est peut être çà, l'éducation dont on parlait.

 

Vers neuf heures ou presque le bulldozer avait commencé à bousculer les murs. La démolition a débuté par le  mur du voisin qui se trouve à droite de notre concession ? Au fur et à mesure que le bulldozer continuait, des badauds à la recherche des matériaux de constructions, se fondent dans la poussière et s’arrache les matériaux que les occupants surpris par le bulldozer n’ont pas pu enlever.  En ma présence, j’ai vu  six femmes en ordre dispersé  tombé suite de tension.  La douleur mélangée à la faim, à la soif et à la détresse  était partout. Pour ceux qui étaient présents, ils ont pu voir des hommes, des femmes et des enfants pleurés. Il y a eu des cas de résistances, de bagarres, de blessures graves et  pour les cas d’arrestations j’en avais entendu parler. Deux personnes avaient été arrêtées, selon une femme en lafaye indigo. Pendant que des hommes en tenus se sont acharné avec leur chicotte sur une personne, des femmes, les mains sur les têtes et criant, courraient en direction du lieu où se passait le choc.  Hormis leur douleurs, certaines personnes qui cherchaient à exprimer leur colère avaient reçu des coups, comme l’adolescent en chemise de barca qui avait été pris en chasse par un militaire brun élancé portant une tenue noire et tenant en main une chicotte près à frapper le jeune garçon. Celui-ci dans sa course s’était réfugié parmi les vieux qui se trouvaient sous l’arbre pensant que le policier allait le laisser.

 

 

 

 

*

 

A 14 heures, tout le monde était dépourvu de son capital. Plus de maison. Plus de boutiques, plus d’écoles. Il ne reste plus qu’à se réfugier sur les arbres, comme disait un vieillard du quartier. Plus de vie excepté une mosquée abandonnée au milieu d’un désert de terre et de ruines.

En donnant trois jours au comité de crise pour déménager, le maire de la ville  a dupé un quartier complet.

Selon un membre du comité de crise, le maire avait donné sa parole en leur accordant trois jours supplémentaires en ces mots « j’enverrai des gents confirmés si réellement vous avez commencé à quitter les lieux. Si c’est positif, alors vous aurez trois jours ».  Aujourd’hui nous sommes le 27 janvier et les ruines sont toujours là. Pas de travaux. Pourquoi accélérer les choses ? Je me  demande où est passé le député de l’arrondissement pendant que de paisibles citoyens s’enfouissaient dans la détresse ?

 

Sally

 




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